Entre rentabilité et responsabilité écologique
Le changement climatique a de nombreuses conséquences sur bien des secteurs et des aspects de notre vie quotidienne. Le secteur financier n’y échappe pas non plus. Ce dernier a un rôle majeur à jouer notamment pour participer de façon active à l’investissement dans des projets à potentiel écologique.
C’est dans ce but que plusieurs produits financiers avec pour objectif le soutien au développement durable et la lutte contre le réchauffement climatique ont été créés.
Grâce à la création de ces placements, particuliers, entreprises, mais aussi collectivités peuvent décider d’investir dans des projets au potentiel écologique certain plutôt que dans d’autres produits qui pourraient avoir un impact négatif sur la planète.
Il s’agit donc de proposer des placements responsables qui vont permettre de financer des projets écologiques avec un objectif environnemental prenant en compte des aspects écologiques et sociologiques (bien être).
La « Green Finance » ou Finance Verte, permet d’investir dans des projets ne portant pas atteinte à l’environnement et qui apportent des solutions dans le développement du bien-être humain ou de l’économie durable. Investir dans la finance verte offre aussi des perspectives acceptables de rentabilité.
Ces placements se veulent donc à vocation environnementale, et il est bon de rappeler qu’investir dans des produits financiers représentent toujours un risque de perte de capital.
Le succès majeur des green bonds
Le placement écologique qui rencontre le plus de succès ces dernières années est sans aucun doute le « green bond » que l’on peut traduire par « obligation verte ».
Il s’agit d’emprunts émis sur les marchés ayant pour objectif de financer des projets ayant un impact environnemental positif. Ces obligations climatiquement responsables ont été créées il y a une dizaine d’années et sont émises par des acteurs du secteur public ou des grandes entreprises du secteur énergétique ou de la construction.
Ces obligations vertes ne sont pas directement destinées aux particuliers, mais il est possible d’investir dans des fonds spécifiques si l’on souhaite participer. Le premier green bond a été émis en 2007 par la Banque Européenne d’Investissement sous le nom de « Climate Awareness Bond » et c’est par la suite que le phénomène a pu très largement prendre de l’ampleur.
D’ailleurs, la France est deuxième émettrice de green bonds derrière la Chine. Des entreprises comme Engie, EDF, Icade ou encore SNCF font partie des émetteurs de green bonds les plus importants.
La France est aussi le pays numéro un en ce qui concerne l’investissement dans les green bonds. En 2018, les green bonds ont pu récolter plus de 100 milliards de dollars à travers le monde, comme en en 2017. Le cap des 150 milliards d’euros a été également franchi en 2022.
Les banques centrales ont, elles aussi, récemment bénéficier de la création d’un green bond. En effet, elles étaient nombreuses à se demander de quelle façon employer leurs réserves pour financer des projets plus écologiques. La Banque des Règlements Internationaux a donc mis en place un green bond à destination des banques centrales.
Les fonds verts, leader en France
À distinguer des green bonds, les fonds verts sont des fonds d’investissement davantage tournés vers les particuliers. Ils sont créés par des entreprises ayant un impact positif sur l’environnement et sont composés d’actions ou d’obligations dites vertes. Ils ne sont pas tournés uniquement vers la rentabilité financière.
L’investissement en fonds vert est mis au service d'objectifs visant à le rendre compatible avec la politique sociale et environnementale.
Un label a été créé en 2003 afin de sélectionner des entreprises dont les projets ont un impact bénéfique sur l’environnement et dont au moins 20% du chiffre d’affaires est issu d’activités environnementales.
Les labels sont d’ailleurs très importants pour les particuliers souhaitant investir dans des fonds verts afin de s’assurer de financer des projets véritablement tournés vers l’écologie. Il y a par exemple le label ISR (Investissement Socialement Responsable) qui a été créé à la suite de la COP21 et qui permet d’identifier les projets socialement et environnementalement responsables.
Il y a également le label Greenfin qui a été lancé par le Ministère de l’Écologie qui permet de labelliser les fonds verts centrés sur des projets de transition énergétique. D’ailleurs, les engagements des fonds verts consistent également à fournir des informations de façon régulière sur la composition de leur portefeuille.
Certains fonds sont labélisés au minimum ESG (méthode d'évaluation basée sur l'environnemental, le social et la gouvernance).
Que l’on soit un particulier, une entreprise ou une collectivité souhaitant investir dans des projets plus écologiques et bénéfiques pour l’environnement, il est tout à fait possible de trouver des obligations et actions qui proposent d’aller dans ce sens-là.
Pour savoir comment s’y prendre et être guidé dans son choix, il sera préférable de prendre contact avec sa banque afin de bénéficier de toutes les informations nécessaires.
Avoir une épargne verte peut-elle servir pour une demande de crédit ?
Lors d’une demande de crédit immobilier l’établissement prêteur va demander des garanties. C’est là que l’épargne de l’emprunteur va être prise en compte. On appelle cela le nantissement. Que cette épargne réside dans des placements dits « green » ne sera pas un obstacles pour l’établissement de prêt ou de rachat de prêt, et pourra donc servir de garantie à l’opération financière.
Posséder de l’épargne « verte » disponible est un signal pour le banquier lors de la demande d’un crédit : il prouve la capacité de l’emprunteur à mettre de l’argent de côté.
La Loi PACTE stipule que depuis le 1er janvier 2020, les contrats d'assurance-vie proposés aux particuliers doivent obligatoirement comporter des produits d'épargne responsables.
Placements insolites : Investir pour la survie des rhinocéros
Un placement financier appelé le « rhino-bond » ou Rhino Impact Bonds (RIB) a été créé en mars 2022 pour aider à la protection des rhinocéros noirs d'Afrique.
Il s’agit d’un emprunt, d'un montant total de 150 millions de dollars et d’une durée de cinq ans, émis par Conservation Capital*. Il sera lancé au premier trimestre de 2020 avec la participation des institutions comme la Zoological Society of London, la Banque Mondiale et la Royal Foundation, des banques comme le Crédit Suisse et l’UBS et les firmes d’avocats DLA et Piper
Ces emprunts sous forme d’obligations seront le « premier instrument financier au monde consacré à la conservation d’une espèce en voie de disparition ». Mais là peu de sécurité comme pour une obligation classique : les investisseurs prendront le risque à leur charge.
Un bonus de 14 millions de dollars sera perçu si la population de rhinocéros vivant dans cinq zones du Kenya et d’Afrique du Sud augmente dans les cinq ans suivant le lancement du produit. Si ce n’est pas le cas, si la population baisse, les investisseurs perdront tout ou partie de l’argent prêté.
Le but de cet investissement est de faire augmenter de 10% la population de rhinocéros noirs dans le monde. Les fonds empruntés paieront les efforts de protection des rhinocéros dans cinq parcs en Afrique du Sud et au Kenya, où vivent environ 700 rhinocéros noirs.
Pour d’autres espèces menacées
Si cet emprunt pour les rhinocéros fonctionne, Conservation Capital envisage de proposer le même système à d’autres espèces menacées ainsi qu’à la protection d’espaces naturels en danger.
Leon Capital est une société fondée au Kenya il y a environ 15 ans dans le but de créer des outils de financement pour les entreprises et les investissements dans la conservation des espèces en danger d’extinction.
Rédacteur : Lydie Dabirand
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