Qu'est-ce que de l'argent qui dort ?
On parle d’argent qui dort lorsque celui-ci est placé sur un compte bancaire et est laissé tel quel durant une très longue période. Pas de placements donc pour faire fructifier la somme, et les Français sont un peu les champions en la matière.
Mais que se passe-t-il lorsqu’on laisse dormir son argent sur un compte ? Si auparavant on pouvait penser qu’il attendrait patiemment que l’on puisse en avoir besoin, on pourrait même peut-être en perdre au fil du temps, un phénomène qui a été mis en place dans certains pays d’Europe et qui toucherait peut-être bientôt la France, explications…
Les Français, champions de l’argent dormant
Selon une étude menée par le cabinet Auridep, ce ne sont pas moins de 385 milliards d’euros qui dormiraient sur les comptes des Français et notamment sur les comptes courants, ce qui rendrait ces derniers plus vulnérables notamment aux arnaques.
En cause, la faible capacité des ménages à s’intéresser aux placements financiers. En effet, 77% des personnes interrogées avouent ne pas s’y connaitre en la matière, ce qui peut expliquer que ces personnes préfèrent alors laisser dormir leur argent sur un compte courant ou un produit d’épargne à faible taux comme un livret A par exemple.
L’inflation fait perdre de l’argent
Le problème, c’est que l’inflation et le taux d’épargne notamment sur le livret A leur font même perdre de l’argent. Cette façon de fonctionner comme nous l’avons dit plus haut rend les Français plus sujets aux arnaques comme on a déjà pu le constater auprès des personnes âgées qui ont tendance à se laisser convaincre de souscrire à des assurances inutiles ou à effectuer des placements inadaptés.
Cela étant, la méconnaissance des Français en matière financière ne les pousse pas à se renseigner davantage sur le sujet. Une décision qui est lourde de conséquences notamment dans certains pays d’Europe puisque les banques ont changé leur mode de fonctionnement pour faire face au phénomène d’argent dormant.
Payer pour avoir de l’argent dormant
Cette pratique a déjà été mise en place en Allemagne, en Suisse ou encore au Danemark : effectuer un prélèvement sur l’argent dormant. En effet, les taux sont extrêmement bas et les banques doivent accuser le coup d’un taux à -0,4% lorsque l’argent de leurs clients est placé auprès de la Banque Centrale Européenne. La conséquence de tout cela est que les banques perdent de l’argent. Elles ont donc mis en place plusieurs dispositifs pour récupérer une partie de l’argent perdu auprès des sommes dormantes de leurs clients.
Par exemple, en Allemagne, 30 banques ont déjà décidé d’appliquer un taux négatif aux personnes disposant d’une somme supérieure à 100 000 euros d’argent dormant. Une pratique qui pourrait même s’établir pour l’argent dormant en dessous du seuil précédemment établi. Ainsi, les personnes ne souhaitant pas être impactées par ce taux négatif vont devoir soit s’en accommoder soit se décider à investir pour que d’une manière ou d’une autre de l’argent puisse rentrer dans les caisses de la banque.
Mais l’Allemagne n’est pas le seul pays souhaitant contrer le phénomène d’argent dormant. En Suisse, les dépôts de plus de 500 000€ sont taxés de 0,6% et un taux de -0,4% devrait être appliqué dès septembre pour les dépôts supérieurs au million d’euros. Au Danemark, les dépôts de plus de 7,5 millions de couronnes danoises (ce qui représente environ 975 000 euros) seront également soumis à un prélèvement de 0,6%.
Cela étant, cette facturation des dépôts pour contrebalancer les conséquences de l’argent dormant ne devrait pas encore voir le jour en France dans les banques de détail même si nos voisins européens ont souvent eu tendance à inspirer les banques françaises.
Des banques privées françaises s’y mettent
Mais la donne a changé en septembre dernier. La banque privée Lombard Odier va être la première à instaurer une taxe sur les dépôts de ses clients si ces mêmes clients ne disposent pas de mandant de gestion discrétionnaire et si les dépôts sont supérieurs à un million d’euros. Une autre banque privée, Société Générale Private Banking pense faire la même chose tout comme la banque Rothschild & Co "afin de compenser l'impact des taux négatifs de la Banque centrale européenne (BCE)"
En prévision, peut-être est-il préférable de conseiller aux Français disposant d’une somme d’argent qui dort sur un compte ou un livret de s’intéresser à la meilleure façon de faire fructifier cette somme.
Rédacteur : La Rédaction Crédigo